Pourquoi le code du travail ?
Le sujet urgent à traiter pour le gouvernement est le code du travail. Pas l’écologie sur laquelle seul de la com’ est faite mais aucun engagement n’est pris (ce sujet ne les intéresse pas), pas la démocratie qui se meurt en France avec des lois liberticides qui se succèdent depuis dix ans et qui vont se poursuivre en pire avec le projet de transcrire dans le droit commun des dispositions d’un état de guerre, sans compter que les casseroles du mouvement s’accumulent à une vitesse alarmante coupant court au prétendu renouveau politique. Le chômage, alors? Ils espèrent nous faire croire ça?
D’après l’idéologie portée par En Marche, résumée dans cet article de Challenges, les patrons n’embaucheraient pas pour plusieurs raisons :
- Parce qu’ils ne peuvent pas virer leur employé facilement
Peu importe qu’on puisse désormais procéder à un licenciement par consentement mutuel, c’est à dire par simple accord entre l’employé et l’employeur. Peu importe que cela ne remette pas en cause la pérennité de l’entreprise, car pour motif économique, il est tout à fait possible de se séparer d’un employé. Le chef d’entreprise n’embaucherait donc pas parce qu’il a besoin de force de travail ? Il n’embaucherait pas parce que son entreprise grandit et prospère, avec l’objectif de continuer dans cette voie? Non, pour eux, l’employeur embauche si il a la certitude de pouvoir licencier. Drôle d’idée. - Parce que les chômeurs sont des fainéants qui ne se bougent pas assez
C’est une façon “light” (si on peut dire) de traiter les chômeurs d’assistés, qui méritent moins que leur sort déjà peu enviable (pauvreté, déclassement social, mise à l’index par la société…). C’est pour cette raison que les libéraux économiques veulent rendre dégressives les allocations chômage : ils sont certains que les gens ne cherchent pas sincèrement du travail, qu’ils sont satisfaits de leur sort de chômeur et qu’ils trouveraient plus volontiers un emploi si on les laissait sans ressource. Si on les abandonnait à leur sort. Si on les laissait sombrer dans le dénuement… Si on les laissait crever.
De fait, c’est exact : si vous retirez aux gens le minimum vital qui leur permet de se nourrir, se chauffer, se soigner, circuler, qu’ils doivent rogner sur tout, alors, en désespoir de cause, il accepteront les jobs les plus invraisemblables, supporteront les conditions de travail les plus dures quitte à se déqualifier. cela aurait bien un effet sur les chiffres brut du chômage, mais est-ce un effet bénéfique? De toutes façons, nous aurons le loisir de le constater puisque c’est prévu au programme. - Parce que les contraintes sont trop lourdes (CDI, SMIC…)
Sur ce dernier point, je m’appesantirais un peu. On touche en effet au cœur de ce qui est prévu par la réforme à venir du gouvernement : le cadre légal est contraignant. Oui, un cadre légal c’est fait pour contraindre d’une manière générale. Mais il existe pour des raisons. Les lois ont été édictées, débattues, votées et sont plus ou moins appliquées (mais curieusement, contrairement aux chômeurs, pas besoin de renforcer les contrôles…). Elles ne l’ont pas été pour faire plaisir aux uns ou pour le bonheur de contraindre les autres. Ces lois sont là pour protéger les humains, en l’occurrence les travailleurs. Lorsqu’il n’y a pas de loi, alors c’est celle du plus fort qui s’applique. Le code du travail a été créé par nécessité, pour éviter que des gens ne meurent. Il s’est vu renforcé par des dispositions à mesure que des situations imposaient des prises de conscience (le scandale de l’amiante, l’émergence de lanceurs d’alerte…). Il s’est également vu amendé par des disposition plutôt favorable aux employeurs dans les cas où il fut admis que les contraintes étaient trop importantes, c’est que le travail est un vaste sujet et qu’il faut bien adapter le droit aux différentes situations.
Le code du travail est donc le résultat de l’évolution de notre société et de son mûrissement. Aujourd’hui, le droit est assez complet, les différentes branches professionnelles ont leurs dispositions particulières, dans le code du travail si nécessaire, dans la convention collective sinon. Il est issu de notre histoire, de notre longue expérience et il est bien sûr, toujours modifiable. Mais au-delà de ça, le code du travail est également témoin du choix de société vers lequel nous penchons. C’est le code du travail qui interdit de faire travailler des gosses. C’est lui qui restreint la durée de travail afin que les gens aient le temps de vivre. Je rappelle au passage que quand on est passé aux 40h/semaines, on allait ruiner l’économie et pourrir la vie des travailleurs… Comme avec les 35h. Comme avec les 32h… Il faut cesser de prendre ces gens au sérieux: les contraintes légales ne sont un frein qu’à la souffrance.
Alors cette construction centenaire, on va la démolir par ordonnances, comme si elle n’était pas fondée. Et on va engueuler les gens qui se mobiliseront pour leurs conditions de travail, qui sont des conditions d’existence pour un tiers de leur vie. On va les accuser de bloquer le pays et prendre en otage les gens… Alors même qu’on est en train de les flinguer.