Je me suis fais épiler
Eh ouais ! ça vous en bouche un coin, hein ? En fait, j’y pensais depuis longtemps. Ca a mûri, j’ai fini par franchir le cap. Depuis que j’ai perdu du poids, j’ai déjà dû revoir ma garde-robe et j’ai rapidement eu à cœur de m’améliorer physiquement, déjà en passant par mon style, mon look. Dans le même genre, l’idée de me faire une coloration a également germé dans mon esprit il y a quelques mois, et je finirais bien par le faire aussi.
Alors pourquoi ? Quel est l’intérêt ? Qu’est-ce qui m’y a poussé ? Eh bien déjà, j’avais envie de me trouver plus beau. C’est excellent pour la confiance en soi, il faut s’aimer, et se trouver beau est un moyen facile d’y parvenir. Et oui, j’étais absolument convaincu que j’allais me trouver plus beau ainsi. Vous vous souvenez de la pire soirée de ma vie ? Eh bien lorsque j’ai aidé Dim à se rhabiller pour le ramener dans la voiture démoniaque qui nous aura causé tant de soucis, j’ai été confronté de très près à son torse glabre, et malgré mon hétérosexualité jusqu’alors incontestée, je n’ai pu empêcher de me dire que c’était quand même plutôt sexy, un torse sans poils…
Alors comme en plus, depuis peu je suis en couple, comme nous arrivons vers l’été, je me suis dis que c’était le bon moment pour franchir le pas : le plaisir, c’est de plaire certes à soi, mais aussi (surtout ?) aux autres. J’ai donc pris rendez-vous en ligne dans un institut pour hommes, en centre-ville. Pas facile à trouver, il n’y a qu’une petite pancarte au-dessus d’une sonnette , à côté d’un portail pour voiture. Au bout de la deuxième fois que je sonne, le portail s’ouvre et j’accès à une cour gravillonnée en orange, alors qu’une voiture m’emboîte le pas (c’est la voiture qui m’a ouvert ?).
Une petite porte à l’entrée de la cour est décorée d’une petite pancarte de l’institut. J’entre dans une petite pièce, avec un piano à queue rouge au milieu. Je suis accueilli par une pancarte :
Bonjour, bienvenue à l’institut MEN, veuillez rejoindre le vestiaire à votre droite
Alors… Non… Je suis nouveau ici, je ne sais pas comment ça fonctionne, mais je n’ai pas trop envie de commencer par me désaper, pour ensuite, une fois que je serais à poil, me demander ce que je dois faire et où je vais. Donc j’attends. Une dame sort d’une salle avec un client qu’elle tutoie, elle l’invite à rejoindre le “grand salon” et lui demande s’il veut un thé ou un café. Voyant qu’il y avait un guignol planté dans l’entrée, elle revient vers moi pour m’expliquer comment ça se passe. C’est important d’être guidé pour les premières fois, vous savez. Donc le vestiaire sert à se déshabiller, mettre ses affaires dans un casier, enfiler un peignoir, puis rejoindre le grand salon.
Bon, sauf que là ils n’avaient plus de casier libre, donc j’allais laisser mes affaires là. Heureusement, j’avais mon sac à dos donc j’ai pu tout mettre dedans. Je garde mon boxer parce que je n’ai pas besoin de le retirer, et je pénètre dans le grand salon pour patienter. Il y a 3 hommes qui attendent déjà, sur un fauteuil et les deux divans présents. Il n’y a plus rien où s’asseoir. Tu parles d’un “grand” salon ! Une dame m’apporte bientôt une chaise et on me propose aussi un thé ou un café, que je refuse poliment. J’aurais dû accepter, j’étais un peu en avance.
C’est particulier comme ambiance, ce salon. C’est sombre, décoré avec des vieux trucs qui auraient été classieux s’ils ne sortaient pas aussi évidemment d’un vide-greniers : les divans et des gros miroirs donc la surface réfléchissante est largement usée, quelques autres bibelots… Dans l’âtre sans cheminée, un faux feu ne réchauffe pas la pièce, encadré d’un néon bleu. Je lève les yeux et j’y découvre un plafond de bureau : des dalles en mousse posées sur une armature métallique fine, des néons blancs derrière une grille, et même l’incontournable de ces plafonds : l’inexplicable tâche de café à plus de 2m du sol. Qui peut m’expliquer pourquoi il y a ça à tous les plafonds de ce type, sans déconner ?
Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai vraiment le sentiment d’être dans un endroit très gay-friendly. Est-ce dû à cette décoration qui allie aussi abruptement le classieux et le cheap ? A ce cliché que les hommes qui prennent soin d’eux sont souvent des homosexuels ? Au fait que la musique d’ambiance est chantée par Mylène Farmer ? Ou à mon voisin qui a quitté son divan pour aller rouler des pelles à son ami ? En tout cas, plus je passe du temps dans ce salon et plus ce sentiment se renforce.
Valérie viens me chercher pour m’amener dans la salle où elle va s’occuper de moi. C’est une petite pièce, lumière de néons bleus tamisée, au centre une couche avec du papier comme chez le médecin. Elle retire mon peignoir et me demande de m’installer sur le dos. Elle allume les lumières blanches de la pièce, l’ambiance est beaucoup moins tamisée, l’apaisement n’est plus de mise, les choses sérieuses commencent. J’appréhende toujours, mais je ne peux plus reculer, je savais que ce ne serait pas une partie de plaisir, il est temps de faire face. Elle me tâte, vérifie ma peau. J’ai la peau très sensible, je rougis/marque facilement. Elle me recommande donc des soins hydratants pendant la semaine à venir, genre “de la biafine ce serait parfait”. La biafine, c’est le truc qui soigne les coups de soleil et autres brûlures aux 1er et 2e degré… Là je flippe un peu j’avoue.
C’est parti !
Elle a un genre de rouleau pour me tartiner d’un genre de cire, ça tire c’est désagréable. Ensuite, elle applique une bande dessus puis elle tire fort pour arracher les poils. Franchement, ça va. C’est pas si douloureux que ça. Ca fait mal hein, c’est pas agréable, mais ça va. Je me fais faire uniquement le torse, les épaules et le dos. On commence par le ventre, c’est l’une des zones les plus douloureuses. Ca fait très mal sur le coup, mais une fois que c’est fait la douleur passe vite. Elle me fait la moitié du ventre, puis une pause avant de me tartiner au rouleau la moitié du torse. Ensuite, elle passera de l’autre côté de la couche pour faire les autres moitiés. Le fait de papoter aide à supporter.
Le torse, c’est ce que je craignais le plus. Mes tétons sont parfois très sensibles, et je flippe un peu quand viendra le moment d’arracher tous les poils qui les encerclent. Mais en fait, les pectoraux ça va. Ce qui est très douloureux, c’est le centre, au-dessus du plexus solaire. Car ce qui fait mal, c’est quand les poils s’arrachent. Ce qui est douloureux, c’est le bulbe qui traverse une peau qui n’était pas prévue pour ça. Or, je n’ai pas de poils SUR les tétons, donc pas de douleur avec sa cire. C’est vraiment bien foutu. Par contre, j’ai bien bien douillé pour le milieu. C’est vraiment le pire. Et je n’ai pas pu m’empêcher de me dire que c’est une douleur que les femmes ne pourront jamais expérimenter, puisqu’elles sont assez peu poilues entre les seins, pour la plupart…
Eh ouais, d’accord, j’accoucherais jamais, je ne ferais probablement jamais épiler mes aisselles, mais vous, vous ne vous épilerez jamais le torse, alors poupoune !
Finalement, je douille encore un peu pour les secondes moitiés du torse et du ventre, mais ça passe assez vite. D’ailleurs, ce qui fait mal, c’est la première fois, quand les centaines de poils s’arrachent en même temps. Ensuite, elle repasse dessus et à côté pour enlever le reste, ça n’est plus douloureux du tout. Par contre, à la fin, elle a décidé de faire une finition avec une cire différente qu’elle a étalé manuellement en bas de mon ventre et sur mon nombril, et là elle m’a brûlé en fait… Elle a terminé le torse avec une pince à épiler, puis elle m’a fait le dos (sauf là où j’ai juste du duvet parce que bon le duvet ça compte pas, on garde comme ça) et les épaules. Je peux vous dire qu’après avoir fait le ventre et le torse, le dos et les épaules c’était de la rigolade. Déjà parce que j’y avais très peu de poils, et ensuite parce que ces zones étaient beaucoup moins sensibles (on vous a déjà chatouillé le dos ? C’est beaucoup moins facile que le ventre, non ?).
Au final, elle m’a tartiné d’une crème à l’aloé vera, m’a remis mon peignoir et m’a invité à aller me rhabiller.
Attends, là comme ça tout de suite ? Genre j’ai tout le haut de corps enduit de ta crème qui pue là, et faut que je remette mes fringues ? Tu sais que mon t-shirt est propre de ce midi ? Dans le vestiaire, j’essaie de m’essuyer comme je peux dans le peignoir avant de remettre mon t-shirt. J’ai déjà été content de retrouver l’intégralité de mes affaires qui n’étaient pas vraiment à l’abri, alors que 2 casiers avaient été vidés entre temps… Je retourne régler les 40€ que ça m’a coûté et je vais pour sortir. Je lui demande de me confirmer ce qu’elle m’a dit, donc : soin hydratant cette semaine, puis au bout d’une semaine à 10 jours, un gommage “quand les poils commenceront à repousser, pour qu’il le fasse correctement”.
Attends, quoi ?! Les poils vont revenir dans 10 jours ?! Je vais devoir refaire ça tous les combien moi ? En plus il seront de plus en plus durs ? Non, non, attends, oulà… Non, je ne vais pas paniquer, c’était un test, je vais voir ce que ça donne, et puis je me déciderais. Est-ce que ça me plait ? Est-ce que je veux le refaire ? Je verrais en fonction de mon ressenti et aussi en fonction de quand et comment ça va repousser. En attendant, en rentrant chez moi, je sens que ça me brûle sur les zones qui ont été les plus douloureuses : le bas du ventre et le centre du torse. En arrivant, j’utilise mon baume hydratant après-rasage. Comme ils disent dans pokémon : “c’est très efficace !” La douleur s’efface.
Franchement, j’aime bien le rendu. Bon, alors comme j’ai ma peau et que c’est tout frais, j’ai plein de picots rouges là où se trouvait ma tonsure. Donc pour le moment, ce n’est pas très beau. Mais ça va passer. Et c’est quand même pas mal. Ce qui est vraiment agréable surtout, c’est le toucher. Je suis tout lisse ! J’aime bien. C’est agréable. Par contre, on voit d’autant mieux les défauts : j’ai bien mangé le midi, j’avais pris 2-3 kilos depuis la semaine passée… Eh bien j’ai l’impression de le visualiser bien plus facilement et plus cruellement que lorsque mon pelage dissimulait pour partie mon corps. Ca n’a donc pas que des avantages !
Mais au final, c’est une expérience qui fut brièvement douloureuse et dont el résultat devrait être assez longtemps satisfaisant. A voir, avec le temps et l’expérience, pour savoir si je persiste ou pas.