La pire soirée de ma vie
Je me sens tellement inspiré par cette expérience personnelle qu’il fallait bien que je la couche ici. En plus, j’adore narrer des histoires, c’est donc une belle occasion.
Tout d’abord, on va poser le cadre et les protagonistes principaux : Nous sommes à la fin d’une semaine de ski dans les 3 vallées des Alpes. Vendredi, veille du départ. on a eu beau temps toute la semaine, il est 15h, il a commencé à neiger depuis un moment et on n’y voit plus grand chose. C’était prévu, nous entamons notre dernière descente avant de rentrer au chalet.
On a un long chemin à faire, mais on va y aller tranquillement. Nous sommes 3 : Tax, Dim et moi. On va descendre la rouge Allamands (je ne sais pas à quel moment on a raté la bleu) puis une verte qu’on connait bien et qui est cool, qui permet de rejoindre notre chalet à pieds.
Manou est déjà rentrée et nous attend pour entamer l’apéro, finir les restes et qu’on mange ensemble les pâtes carbo avant de préparer les valises. Demain, on doit rendre le chalet à 9h, autant dire qu’on sera rentrés tôt à Tours ! Le temps de se poser, tout ranger dimanche avant de reprendre lundi.
C’était une chouette semaine, on en voit le bout mais on aura bien profité.
Voilà, vous avez l’exposition, les personnages, c’est le moment d’introduire l’élément perturbateur. Soyez attentifs, il y en aura deux. Seulement deux. Mais ça va durer très très longtemps… D’autant que j’ai prévu de digresser un maximum.
Alors que j’ai pris un peu d’avance sur la piste, je freine pour attendre mes camarades. Ils étaient juste derrière moi, mais je suis descendu un peu en contrebas et je ne vois plus la pente sur laquelle ils glissent. Je préfère les avoir en vue qu’on ne se perde pas, et pour aider en cas de besoin, car on le voit pas bien loin.
Ils n’arrivent pas tout de suite. Ils ne sont pas si lents pourtant. Je vois des skieurs descendre. Puis d’autres. On était seuls sur la piste, ils se sont laissés dépasser ? Ils ont aidé une personne qui est tombée ? On en a ramassé quelques uns dans la journée. Qui n’aime pas endosser un rôle de protecteur/secouriste à l’occasion ?
Mais ils n’arrivent toujours pas. Je vois passer une vingtaine de skieurs et toujours pas de trace d’eux. Ils n’ont quand même pas trouvé un chemin qui m’aura échappé ?
C’est trop long. Je suis inquiet. Je sors mon téléphone et envoie un message dans notre groupe de discussion pour savoir où ils sont. Ça ne répond pas tout de suite. J’aperçois enfin me casque de Dimitri qui apparaît. Puis, sa combinaison. Mais il marche ? Il porte son snowboard sous le bras et Tax ne le suit pas. Merde… C’est peut-être grave.
Il met un moment à descendre à ma hauteur. Silencieusement. J’attends qu’il soit à moins de 2 mètres avant de lui demander ce qui s’est passé. J’ai très peur de sa réponse.
“Tax m’est rentré dedans. Je ne peux plus glisser, j’ai trop mal.”
_ Et Tax ?
_ Il m’a dit “vas-y”, je ne sais pas trop comment il va. Je vais descendre à pieds aux télécabines qui me ramèneront en bas.”
Tax arrive sur ses skis. Je suis rassuré. Les deux sont vivants et tiennent debout. Y’en a même un qui tient sur ses skis. Par contre, il n’est pas non plus en état de finir la descente. Il va accompagner Dim aux télécabines. Je vais donc retourner au chalet, prendre la voiture et je venir les chercher au pied des pistes. C’est parti.
Je prends moins de plaisir à descendre les pistes dans ces conditions, mais j’y parviens sans difficulté. J’arrive au Chalêt, Manou m’accueille pour m’ouvrir le garage où je stocke mes skis. Je l’informe de la situation. Elle m’informe du second élément perturbateur : la roue avant gauche de notre véhicule est très visiblement dégonflée.
Mince. C’est pas grave. On avait anticipé ça : il y a deux jours, on a eu le voyant “pression des pneus” qui s’est allumé et on s’était renseignés sur les endroits où on pouvait réajuster la pression des pneus. M’enfin il était tout de même très dégonflé. Il faudrait pas qu’il nous lâche.
Dim avait loué ce C4 à un particulier, j’étais inscris comme conducteur secondaire. Nos deux autres compagnons ne sont de toutes façons pas habilités à piloter. Nous avions fait les 700 bornes à l’aller sans encombres, il n’y a pas de raison que ça se passe mal. J’informe Dim et Tax par messagerie, je vais donc aller remettre la pression dans les pneus dans un village à 5km avant d’aller les chercher aux Ménuires.
Entre temps, ils m’apprennent qu’ils se rendent finalement au centre médical du village. Je ne viens donc plus seulement les récupérer, mais les accompagner là-bas en rapportant les documents nécessaires.
Bon, la salle est pleine, mais Dim a mal au point de ne pas pouvoir retirer ses bottes tout seul. Donc on va s’inscrire à l’accueil et attendre.
Et on va attendre.
En fait, tout le monde passe sauf nous.
Même des gens (pas mal de gens) qui sont arrivés après nous. Là c’est un peu fort. Tax va poser la question et il se trouve qu’il leur faut attendre que la radio soit disponible. Ah ben oui… Il faut passer une radio… Bon, ok, ce sera plus long pour nous. On se consolera en admirant la tempête de neige dehors. On va avoir de la belle neige fraîche sur laquelle marcher, pour la première fois de la semaine. En tout, on aura attendu de 16h à 17h environs.
Dimitri est enfin appelé pour passer la radio. Peu de temps après, il me demande de le rejoindre par messagerie. Je vois le médecin en premier, qui me dit qu’il va l’envoyer aux urgences, mais j’aurais plus de détails quand il sera sorti de la salle radio. Entre temps, Tax est reçu par un autre médecin.
Au final, Tax ne mettra pas les pieds en salle de radio et sortira seulement avec une ordonnance pour des médocs. Du coup il aurait pu passer plus tôt ? Sérieusement ? Peu importe. Le fait que Dim soit redirigé vers les urgences est plus préoccupant. La radio des poumons n’est pas alarmante, mais il faut faire un scanner pour être sûr qu’il n’y a pas de problème.
_ Du coup il va y aller en ambulance ?
_ Ben non, il faut l’emmener.
Ah…
_ Les urgences les plus proches, sont à Albertville (à une quarantaine de km, au pied de la montagne)
Ah…
_ Soyez prudents sur la route hein, pas de sur-accident, vous avez vu le temps qu’il fait.
Ok, il est bientôt 18h et on va faire une bonne heure de route sous la neige, sur route de montagne, pour aller aux urgences pour une durée indéterminée…
On dépose Tax au chalêt, on met les chaussettes (parce qu’il a fallu pousser la voiture pour monter la pente du chalet), et on descend.Les chaussettes sont très efficaces. Pas difficiles à mettre, on descend lentement la montagne et on peut même retirer les chaussettes rapidement, les déneigeuses retirant le plus gros de la neige nous laissant prendre les lacets sur une route très humide mais bien moins dangereuse.
“Après ça on pourra dire que t’es un pilote”, me dit Dim. C’est vrai que ça remplit un peu de fierté de pouvoir rendre service comme ça et permettre à une situation de se dénouer. Même si on sait qu’on en a pour des heures, ma partie du job consiste uniquement à conduire et attendre, tandis que lui a des heures à s’inquiéter pour sa santé pendant que respirer lui fait mal.
Même rigoler lui fait mal. Autant dire que je ne suis pas la meilleure compagnie pour lui, vu que j’essaie tout le temps d’être drôle.
Nous arrivons donc aux urgences à 19h45 environs. Dans une salle d’attente pleine. Alors ce qui est rigolo dans l’histoire, c’est qu’on retrouve à peu près tous les patients qu’on a déjà croisés aux Ménuires. Un gamin avec le bras en écharpe (qui ressortira entre 23h et minuit avec un plâtre), une famille de roumains avec un niveau de français bluffant (qui étaient également nos voisins de chalet), et qui repartiront sans la maman qui sera gardée en observation. Une blonde qu’on sait pas ce qu’elle avait et que je ne verrais pas repartir… La moitié de la salle d’attente portait des après-skis.
Du coup, on aurait pu faire du covoiturage en ambulance, non ? En plus, on s’est fait dépassés par une ambulance en descendant la montagne. M’enfin, maintenant qu’on est là, on aura droit aux différentes étapes qui durerons une heure chacune :
- Accéder au bureau de l’infirmière d’accueil
- Accéder au bureau de la secrétaire médicale
- Attendre la prise en charge
- Être pris en charge par un médecin dans un box pour faire les examens
- Attendre les résultats des examens
- Faire une prise de sang pour le fun
Un message à l’accueil te dit bien qu’en moyenne, il y a 2h30 d’attente avant de voir un médecin, ce qui est très inférieur à la moyenne en région (qui serait du double). L’hôpital est très visiblement en grève, t-shirts du personnel et affiches aux murs à l’appui. Néanmoins, les délais annoncés s’avéreront justes par la suite.
Voilà, du coup on est restés ensemble en salle d’attente de 20h à 23h, après quoi Dim fut pris en charge dans un box. Il s’est passé pas mal de trucs, notamment un anglais complètement paumé (qu’on avait croisé aux ménuires aussi), qui ne faisait pas la queue pour le bureau 1 mais avait néanmoins signifié ses intentions de passer juste avant nous (bon, il était effectivement arrivé avant nous…) mais s’est barré juste avant son tour. Sa femme a néanmoins été prise en charge je ne sais comment.
Bon, je ne vais pas vous faire toute la liste, mais sachez juste qu’un bébé a vomi dans la salle et que ça n’a jamais été nettoyé (et tout le monde a marché dedans). J’ai aussi pu voir une femme arriver ayant perdu les eaux, immédiatement prise en charge. Bref, on s’ennuie que quand y’a plus personne.
Ce qui m’est arrivé à partir de minuit. Je n’avais plus de batteries sur mon téléphone, donc plus de nouvelles de Dim dans sont box, depuis qu’il a passé le scanner. Ni de nos camarades restés au chalet, qui refusaient d’aller se coucher et même de manger sans nous.
Du coup, à partir de 23h30, je fis une petite sieste en m’allongeant sur 3 des sièges les mieux rembourrés de la salle d’attente. Jusqu’à 1h du matin, où une infirmière vient me chercher. J’allais enfin savoir si on était venus pour rien et repartir avec des médocs dans le meilleur des cas, ou repartir à vide en espérant qu’on puisse récupérer Dim le lendemain matin en descendant du chalet dans le pire des cas.
Verdict : deux côtes félées, la clavicule semblait ok mais le sternum était endommagé. Sacrés dégâts, mais il repartirait quand même avec moi, une ordonnance pour de puissants anti-douleurs et une attelle au bras. 10 jours d’ITT, mais un bon mois de récupération prévu (cherchez la logique, moi j’ai pas trouvé).
Bon, plus qu’à attendre les résultats de la prise de sang, payer la part “non-sécu”, et nous pourrons partir. Il se rhabille, et finalement on s’en va avec les papiers qu’on nous donne sans rien savoir de la prise de sang ni de quoi que ce soit à payer. Bon.
Il est environs 2h du matin, et nous serons donc au chalet pour 3h et quelques, on va pouvoir manger, dormir un peu, et je devrais donc faire toute la route le lendemain, mais on aura le temps.
Fin de nos problèmes, joie et allégresse.
Sauf que…
Couic, couic, couic…
Elle fait un drôle de bruit la voiture, non ? ELLE FAIT UN DRÔLE DE BRUIT BORDEL !
Je connais cette sensation. Je ralentis immédiatement. C’est un pneu. C’est un pneu qui merde. J’ai déjà bousillé les roues de la sœur comme ça il y a des années parce que je n’ai pas ralenti assez vite. Merde. Bande d’arrêt d’urgence, check rétro et je descend regarder. Le pneu avant gauche, il est tout mou. On n’a plus de pneu avant gauche.
Là, je suis au bout de ma vie.
“NON ! PAS MAINTENANT BORDEL ! PUTAIN CA FAIT CH…”
Du coup, on roule au pas et au warning jusqu’à la prochaine sortie, on se gare directement, il faut changer la roue. On met le triangle en amont, on cherche la roue de secours.
Elle est en-dessous du véhicule, semble tenue par une boite en plastique. Je glisse sous la voiture pour essayer de détacher ça, mais impossible. J’ai dû passer 20 minutes sous cette voiture, dans le noir, mouillé, à moitié sur la terre, à essayer de tourner cette boite en plastique comme si ça dévissait quoi que ce soit.
Dim me glissa à un moment : “C’est con, on se serait arrêter 10 mètres plus loin on était sous le lampadaire”. Ouais. Et encore un peu plus loin, on était sur un parking de concessionnaire… Je me suis senti tellement stupide… Tu parles d’un pilote !
Bref, Dimitri a trouvé sur internet le mode d’emploi qu’on n’avait pas dans le véhicule. En fait, c’était un treuil à dévisser depuis le coffre, sous une trappe dans la moquette qui était pas mal cachée. On a facilement descendu le treuil, difficilement détaché le treuil de la caisse… On avance bien avec le mode d’emploi. On a tôt fait de dé-serrer les boulons, on n’a plus qu’à virer la roue défectueuse et placer la galette.
Sauf que la roue se détache pas. On a pourtant bien monté le bas de caisse avec le cric. En plus, je n’ai même pas défoncé le bas de caisse avec le cric, j’étais tout fier. On monte encore le cric au point de pouvoir tourner la roue, mais elle ne se détache toujours pas. J’ai vraiment l’impression qu’il y a un boulon caché.
Au fait, je dis “on” depuis tout à l’heure, mais Dim, le pauvre, ne peut que difficilement participer aux travaux dans son état, donc il tient les outils, lis le manuel en ligne tient son téléphone qui sert de lampe…
A propos, son téléphone, il n’a plus que 3% de batteries. Et moi je n’en ai plus depuis des heures. Et on est coincés. Ca fait une heure qu’on galère tous les deux, il est 3h et j’en ai marre. Et on s’en sort pas.
Bon, on appelle l’assistance qui gère l’assurance de location, avant de se retrouver coincés sans moyen de communication. La franchise peut monter jusqu’à 900 euros mais j’en ai plus rien à foutre. Je donnerais plus encore pour me sortir de cette abominable situation. Ils nous envoient un dépanneur dans l’heure et demi qui vient. Nous l’attendons résigné.
Le gars est super sympa. Je lui donne largement 60 ans voir plus, on lui explique notre problème et il va tout résoudre en 5 minutes.
Il arrose la roue de dégrippant, donne trois gros coups de pieds dedans, et elle tombe. Bon, on n’aurait pas été aussi violents avec cette voiture qui n’était pas à nous. Et après tout, il a résolu le problème de la meilleure des façons de mon point de vue : pas de dépanneuse, on repart directement au chalet. Le garagiste est tellement adorable qu’il va nous chercher notre triangle et le rapporte pour qu’on ne l’oublie pas.
Puis, il s’en fut vers un autre sinistre, sauver d’autres âmes perdues d’une situation désespérée.
Merci, héros de la nuit. Tu resteras à jamais dans mon cœur.
Il est 4h passées, nous reprenons la 4 voies pour quitter Albertville à 80km/h car la roue de secours était en fait une galette, qui ne permet pas d’aller plus vite. Mais bon, une fois dans la montagne, ça n’est pas gênant, on n’ira jamais aussi vite.
Par contre, les déneigeuses ont bien travaillé mais on devra tout de même remettre les chaussettes pour la fin du trajet.
Enfin… LA chaussette. Ben oui, la galette n’a pas la bonne taille, donc on finit avec une seule chaussette et je vais galérer à remonter la dernière ligne droite vers le chalet. Mais qu’est-ce qu’on s’en fout ! Nous sommes arrivés au chalet, et il est à seulement 6h du matin. On rend les clefs à 9h. On mange des pâtes que nos camarades n’ont qu’à peine touché, je me dépêche d’aller me coucher parce qu’une longue route m’attend demain, et que je suis passé de pilote de secours à unique pilote disponible.
C’était la pire soirée de ma vie.
Mais en plus, ça a causé des problèmes pour le trajet de retour du lendemain, que je compléterais plus tard.
***
Je vous préviens, le trajet du retour qui va suivre est beaucoup moins intéressant. mais bon, que serait l’Iliade sans l’Odyssée ?
***
DRING ! Il est 8h30, mon réveille sonne. Les propriétaires du chalet viennent chercher les clefs dans 30 minutes, je bourre mes vêtements sales de la semaine dans ma valise, quand tout est bouclé, j’ai vérifié qu’il ne me manquait rien, il est moins le quart quand je descends prendre un pain au chocolat avec mes camarades. L’appartement est prêt à être rendu, on n’a pas besoin de faire le ménage, y’a juste Dim qui n’est pas encore levé mais il reste un peu de temps. La proprio est sur la terrasse en train de manipuler sa pelle à neige. Tax sort lui expliquer notre situation pour négocier un petit délai en suscitant la pitié.
BINGO ! Elle nous prend en pitié, elle entre pour voir ce qu’elle peut déjà faire pour le rangement et me demande comment c’était. J’en fais des caisses pour expliquer à quel point c’était abominable (en gros j’ai raconté la stricte vérité avec un ton désespéré et ma mine naturellement fatiguée). Elle nous dit qu’on peut rester le temps de se reposer un peu plus. elle récupère juste les draps qu’elle nous avait loué (Dim avait les siens, elle n’ira pas le réveiller). Je me fiche dans le canapé et je somnole du mieux que je peux, mais je viens de me lever donc je ne m’endormirais pas. A un moment, Dim sortira de sa chambre en trombe en demandant “IL EST QUELLE HEURE ?!”.
Il me semble qu’on est partis vers 10h30-11h. Avec notre unique chaussette qu’on enlèvera assez vite. Nous avons un objectif : trouver un garage au plus vite pour changer notre roue. Parce qu’en attendant, nous sommes à 80km/h maxi. Du coup, je conduis, on adaptera notre trajet en fonction des garages de libres. Tax appelle les garages sur la route pour en trouver un qui pourra nous prendre. C’est son gage pour avoir causé tout ce bazar à l’origine, quand il est rentré dans Dim. De toutes façons, il culpabilise tellement qu’on pourrait lui demander de pousser la voiture.
Rien sur Albertville, les garages ne répondent pas. Faut dire qu’on est samedi, beaucoup sont fermés l’après-midi. Du coup, on appellera ceux de Chambery, Grenoble et en dernière instance on se rabattra sur Lyon.
On tombera sur des garagistes très sympas. Pendant ces 24h, on pourra affirmer que les garagistes de la régions sont des crèmes, entre celui qui nous a dépanné et ceux qui essaieront de nous aider à trouver une solution. Je ne compte pas ceux qui n’ont pas répondu, bien sûr. La première solution qui nous sera proposée, ce sera des pneus neige. Sauf que non. Les propriétaires du véhicule n’en veulent pas, et nous ont précisé qu’ils voulaient des pneus de la même qualité (Michelin donc). Franchement, vu comment leur pneu nous a lâché, perso j’aurais pas repris les mêmes, m’enfin…
Au pied de la montagne, il n’y a que des pneus neige. On appelle Grenoble, on tombe sur un gars qui est tellement désolé de ne pas avoir ce qu’il faut en stock qu’il appelle ses collègues alentours pendant qu’il nous a en ligne. On l’entend même les saluer : “salut la concurrence !”.
Ah, tiens, à propos de téléphone. Il faut que je vous dise comment Tax entame un appel téléphonique. Quand la personne décroche, il commence ainsi :
“Allô bonjour ? Ouii, bonjour, je vous appelle pour[…]”.
Il faut lire ça comme si il se répondait à son “allô bonjour”. C’est très déstabilisant. Il a passé 4-5 appels comme ça avant qu’on lui en parle parce que vraiment on était trop perturbés.
Bref, pour ce qui est des garages, on a trouvé en quittant Alberville. après avoir eu une proposition de rendez-vous à Grenoble vers 15h, ce qui ne nous avançait à rien car à cette heure-là on serait à Lyon, on a donc pris rendez-vous à Lyon. Pour 15h30 donc. C’est le temps qu’il nous faut pour y arriver, en faisant une pause pharmacie en chemin. Ça tombe bien, vu qu’on est bridés à 80km/h on ne prendra pas l’autoroute. En plus, on ne ralentira pas trop les autres vu que la limite légale est généralement la même maintenant.
Nous allons donc faire la moitié de notre trajet sur des routes vallonnées entre Albertville et Lyon. Il y a eu de très jolis paysages, et quelques villes pas mal non plus et très intéressantes, notamment celle où nous nous sommes arrêtés à la pharmacie. Il me semble qu’on est passés dans le coin de Cordon, au nord d’Aoste. Magnifique. M’enfin j’aurais toujours mieux profité des paysages sans ce brouillard intermittent à couper au couteau.
Arrivés à Lyon, je redécouvre les joies du trafique automobile lyonnais. Quand je pense que la DGSI galère à identifier des terroristes alors qu’ils sont des milliers au volant d’une bagnole immatriculée dans le 69… Mais on arrive PILE POIL à l’heure pour notre rendez-vous chez feu vert. Tellement pile poil qu’à peine garés le garage nous appelle pour savoir si on est en retard… Ils étaient vraiment très pressés de nous prendre… Sauf que non en fait, on va poireauter 2 heures avant de pouvoir repartir, et ils n’auront même pas rangé la roue de secours. Et quand au repos, vous avez déjà essayé de dormir dans un magasin de voitures ? C’est pas le meilleur plan, je vous le cache pas.
Il est donc 17h30 quand nous quittons Lyon. on peut prendre l’autoroute mais l’arrivée est prévue pour 22h30… En admettant que je ne fasse pas de pause. Bon, lorsque le système de remise sur la voie s’est mis à contrôler autant que moi la voiture, je me suis résigné à m’arrêter dormir une heure. Parce que l’option freinage en cas d’obstacle n’était pas sur ce véhicule, sans ça j’aurais pu dormi sur l’autoroute avec le régulateur.
On s’est accordés avec les propriétaires, on leur ramènera la voiture le lendemain matin. faudra le laver avant, on fera ça chez Tax, il a un lavage gratuit dans son garage et il n’a pas de voiture. Mais comment on va leur ramener ? Il n’y a que deux, Dim et moi, et lui ne peut pas conduire. Et les propriétaires habitent près de chez Dim. Du coup, je vais garder la voiture et le lendemain, je devrais me lever vers 8-9h pour leur ramener la voiture et eux vont me ramener chez moi ensuite. Pour ce soir, il faudra juste que Laura vienne chercher Dim, ce qui permettra à Tax d’avouer à Laura que c’est lui qui a bousillé son copain pour le mois à venir. Dim s’était gardé de le lui dire, pour préserver Tax. Parce que de toutes façons, ça ne changeait rien au résultat.
Bon, on arrive, tout est prévu, on sera couchés dans 1h environs. On va sortir de l’autoroute qui traverse Tours.
*FLASH*
…
Et merde.
Franchement, je l’ai bien pris. Après les dernières 36 heures que j’ai traversées, une amende pour moins de 10km/h de dépassement, j’en avait plus rien à faire. Bon, j’ai quand même été dégoûte quand je l’ai reçue, parce que j’ai eu droit à 91km/h retenus, soit 1km/h de dépassement. En plus j’avais récupéré tous mes points. bref.
La poisse à continué jusqu’au bout, parce que quand on a rendu le véhicule aux proprios, ce qui aurait pu prendre 15 minutes, ça a duré une heure parce que la femme a vu un petit bout de pneu arrière vaguement arraché. Du coup elle a fait un signalement de sinistre pour ça. On s’est dit que l’assurance allait rigoler un bon coup en voyant ses photos zoomées au max pour essayer de distinguer le truc. mais sur le coup, ça nous gonflait pas mal, ça caillait un max !
Mais bref, on est rentrés, on a pu se remettre, c’est derrière nous et on ne peut plus qu’en rire maintenant. On sera sûrement plus résilients aux prochains problèmes qu’on traversera. J’espère. Il faut bien en retirer du positif. Si ce récit vous a fait passer un bon moment, c’est déjà une petite réussite.